Il y a quelque chose dans l’air

Gastrojournal 24/25 2021 – 16 juin 2021

La demande d’instruments de mesure de l’air et de systèmes de purification de l’air a augmenté dans le secteur de la restauration. Des capteurs mesurent la teneur en CO2de l’air ambiant et proposent des mesures. La pollution de l’air peut être réduite grâce aux systèmes de ventilation et aux qualités des filtres ainsi qu’aux dispositifs de purification de l’air.

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Par FABRICE MÜLLER (Traduit de l’allemand par One Creation Cooperative) 

Le restaurant espagnol Casa Aurelio à Zurich offre de l’espace pour un maximum de 170 invités. Le restaurant est divisé en quatre pièces de tailles différentes, qui ne sont en partie séparées que par des rideaux, comme le restaurateur Juan Carmody l’explique. Son entreprise a récemment opté pour l’installation des appareils de mesure du CO2 de la jeune société suisse Airica AG. « Jusqu’à présent, nous avons surtout ouvert les fenêtres ou augmenté la ventilation d’un cran afin d’améliorer la qualité de l’air », nous explique Juan Carmody. « Maintenant, grâce à l’appareil de mesure, nous avons les données exactes dont nous avons besoin pour réagir à temps. Je suis fier que nous jouions un rôle de pionnier dans ce domaine ».

Aucun danger lié au mauvais air

Dans la discussion autour de Covid-19 concernant la technologie du bâtiment deux thèmes ont émergé : d’une part, il a été question de l’influence des systèmes de ventilation mécanique sur la distribution des virus. D’autre part, la teneur en CO2 dans l’air fait l’objet d’une grande attention. Katja Wilhelm du Café Auer à Zurich, situé dans une cour près de la « Schule für Gestaltung »,  a décidé d’utiliser un compteur de CO2. « Nous voulions nous assurer que la santé de nos hôtes et de nos employés n’était pas mise en danger par la mauvaise qualité de l’air. Le dispositif de mesure nous donne un certain degré de sécurité ».

Dans le café, qui est relié à l’espace de travail collectif « Impact Hub Zürich AG », deux appareils Airica sont utilisés. Ils sont discrètement positionnés et affichent la teneur en CO2 de l’air via un indicateur lumineux. « Parce que les fenêtres et les portes sont généralement ouvertes pendant la journée il n’y a jamais eu d’alerte au CO2. » nous dit l’hôtesse.  Nous aérions le café régulièrement de toute façon avant même la pandémie.

Les réactions des clients, qui posent des questions sur le but du dispositif, ont jusqu’à présent été positives. Les mesures prises dans le cadre du coronavirus ont conduit ces dernières semaines à une forte demande dans l’industrie de la restauration pour des appareils de mesure du CO2 et des systèmes de purification de l’air. « Nous avons remarqué une augmentation marquée de l’intérêt de la part des petites et grandes entreprises », confirme Lukas Limacher, cofondateur et directeur général d’Airica AG à Zurich.

La société a été fondée il y a deux ans et est spécialisée dans les analyseurs d’air. Les appareils de mesure qui détectent la teneur en CO2, selon Lukas Limacher, sont une mesure préventive contre l’infection par le coronavirus. Motif: aérosols et le CO2 dans l’air ambiant sont directement liés les uns aux autres. « Plus la valeur du CO2 est élevée et plus il y a d’aérosols » explique Limacher.

De nombreuses études montrent qu’une faible concentration de CO2 peut réduire massivement la transmission du virus. Les instruments de mesure d’Airica captent et interprètent les données en temps réel à l’aide d’une technologie de pointe, pour donner des instructions précises sur la fréquence et pendant combien de temps la pièce doit être aérée. Les appareils fonctionnent sur batterie et sont connectés à l’unité centrale de contrôle.

Installation de filtres de meilleure qualité

Dans les restaurants et les hôtels – en raison des exigences légales – des systèmes de ventilation mécanique sont installés. Cyrill Rohner, chef de l’unité Service Suisse de l’entreprise Hälg & Co. AG à Saint-Gall, un fournisseur de solutions techniques pour le bâtiment depuis près de 100 ans, recommande d’enclencher les systèmes de ventilation au moins deux heures avant l’arrivée des invités et deux heures après la fermeture du restaurant. « Il faut savoir qu’à des températures plus basses, on va avoir besoin d’un chauffage accru et des besoins en énergie plus élevés. Une bonne ventilation des pièces permet de réduire la consommation d’énergie et aide à éliminer les particules de virus libérées des locaux et protéger les clients » dit Cyrill Rohner. Une amélioration sensible de la qualité de l’air soufflé depuis l’extérieur peut être obtenue par l’installation de filtres de meilleure qualité.

Purification de l’air avec des filtres Hepa

En plus de la ventilation mécanique des pièces équipées de systèmes de ventilation ou de climatisation des entreprises telles qu’Aeris Cleantec AG à Cham proposent des systèmes mobiles de purification de l’air.  Pendant huit mois d’anciens étudiants de l’ETH Zurich, dont l’actuel PDG Pierre Bi, ont travaillé sur l’amélioration de la qualité de l’air en milieu fermé à Pékin. De cette expérience, ils ont développé des purificateurs d’air qui sont utilisés dans les secteurs résidentiel et commercial, et dans les hôpitaux. L’une des particularités de ces produits, selon Pierre Bi, est la haute efficacité du filtre, qui a été prouvée par des études et tests scientifiques.

Le filtre médical Hepa spécialement développé élimine les polluants atmosphériques jusqu’à 0,1 micromètre avec une efficacité de 99,95%. Les dispositifs mesurent également la charge de particules, telles que les poussières fines, les virus ou du pollen. En fonction de la taille de l’établissement, plusieurs dispositifs sont nécessaires pour obtenir la qualité d’air souhaitée.  Pour une chambre de 120 mètres carrés avec une hauteur de plafond de 2 mètres 50 vous avez besoin de deux unités standard, explique Pierre Bi. Le prix pour deux unités est d’un peu moins de 2000 francs.

Obligation légale ?

Doit-on redouter que dans le cadre de la législation Covid et avec l’aide de certaines volontés politiques que la mesure de l’air dans le secteur de la restauration devienne une norme obligatoire à l’avenir ? Michael Siebenmann, chef de l’unité marketing chez GastroSuisse, ne croit pas à une obligation au niveau juridique. « Une obligation n’est pas dans notre intérêt. Mais l’acquisition de ces dispositifs est certainement un choix judicieux », dit-il. Lukas Limacher est convaincu que les compteurs de CO2 seront utilisés à l’avenir dans les lieux publics. « Pour les espaces publics tels que les restaurants ils deviendront la norme. Outre une alimentation saine et l’eau, un air intérieur sain est également devenu une préoccupation importante. »

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